Smaug le dragon
Illustration pour Bilbo le Hobbit
©John Howe

Coffre au trésor

Les gardiens de trésors

Afin d'analyser le thème de l'association dragon-trésor, intéressons-nous, ci-dessous, à quelques textes. D'abord un article abordant cette corrélation aux origines diverses et éloignées. Ensuite un extrait d'un célèbre récit – fondateur de l'heroic fantasy – prouvant la modernité du mythe. Enfin, à titre d'anecdote, sachez que d'autres protecteurs de butin ont vécu en terre de vouivre (dans le Jura et ses alentours): un serpent à Morâche; un dragon à Combes.

 

Toujours en éveil, le dragon est un gardien idéal ou un geôlier implacable. Le trésor amassé et la princesse délivrée sont la récompense promise à celui qui triomphe de l'adversité. Au IIème siècle de notre ère, le Grec Philostrate, dans la Galerie de tableaux, évoque la préférence du dragon pour tout ce qui brille: «[Il] a, dit-on, de la tendresse pour l'or ; tout ce qui est doré, il l'aime avec passion et le couvre de son corps.» La mythologie grecque est riche en trésor gardés par un dragon: Ladon veille sur les pommes d'or du jardin des trois jeunes vierges, les Hespérides, tandis que la Toison d'or est efficacement protégée par un dragon, qui ignore «la mort et le sommeil» (Apollonius de Rhodes, Argonautiques, II, 405). Dans la tradition chinoise, le dragon est le détenteur de la précieuse perle de la Sagesse et de la Connaissance, réputée exaucer tous les vœux. Portée sur les robes de cour, elle renvoie au désir des dignitaires de parvenir à la sagesse intérieure. Or, la Vérité ne peut être délivrée au premier venu. Elle n'est révélée qu'au terme d'une lutte entre son possesseur et celui qui la convoite. La perle asiatique trouve en quelque sorte son équivalent européen dans la «draconite», gemme située dans le crâne du dragon. Pline l'Ancien (23-79) en fait déjà mention sous le nom de «draconitas».

Les Dragons – Des monstres au pays des hommes
par Patrick Absalon et Frédéric Canard, Editions Découvertes Gallimard