n valet de ferme; voilà à peu près tout ce que nous savons du protagoniste de l'histoire. Aucun nom ni aucun âge ne lui sont attribués mais il est décrit comme un «jeune homme», ce qui, dans le contexte de l'époque où l'on devenait «homme» très tôt en regard de la courte espérance de vie, pouvait signifier qu'il n'avait pas vingt ans voir relativement moins. Qu'il soit anonyme dans le récit est un point de détail qui néanmoins permet de mettre en lumière un phénomène courant en ces temps anciens: on ne portait pas de nom de famille. Seulement un prénom et parfois un sobriquet1.
Notre héros, si l'on considère son statut de jeune ouvrier agricole, ne devait être que peu instruit - faute de n'avoir pas été scolarisé afin de pouvoir commencer tôt à gagner sa vie - et pauvre puisque s'enrichir était quasi impossible - d'autant plus pour un domestique - dans un système fait de taxes et d'impôts à verser au souverain. Cependant, il est dit dans le texte que le commis est en passe de toucher l'héritage de son employeur et va, par conséquent, accéder à un rang supérieur, bien plus enviable (rappelons qu'il devait probablement dormir dans l'écurie et n'avoir que quelques habits à se mettre sur le dos). Il est décrit comme «naïf» mais on peut voir dans sa tentative de se mesurer à la vouivre, de la bravoure et beaucoup de témérité sans oublier de la malice aux vues de l'ingéniosité de son stratagème. De même qu'on le pense d'abord cupide, on se rend compte que son geste est un acte de générosité envers son maître malade qu'il tente de guérir à l'aide de la bienfaisante escarboucle alors qu'il aurait pu le laisser mourir et immédiatement empocher son legs.
1 lorsque l'ajout d'un nom de famille fut décrété, les surnoms sont alors devenus patronymes, tout comme le prénom du père ou la profession.