nvitons-nous sans plus attendre sur le théâtre de l'intrigue; en terre jurassienne. Petit village situé à quelques kilomètres du chef-lieu de la Seigneurie d'Ajoie (Porrentruy), Courgenay est, au même titre que les localités des autres Seigneuries et Prévôtés adjacentes, sous la domination de l'Evêché de Bâle depuis environs l'an mille. Exercé par le Prince-Evêque, le double pouvoir à la fois politique (= temporel = Prince) et religieux (= spirituel = Evêque) n'a rien d'inhabituel dans un Moyen Âge aux pratiques féodales. Ce système qui a perduré, est basé sur un rapport de domination du suzerain (= souverain) sur ses vassaux (= sujets) auxquels il soutire toutes sortes d'impôts (dîme, taille, gabelle...) ceci dans les limites de son fief (= territoire). L'incursion du sacré dans la chose publique explique le fort ancrage de la religion et le respect de ces pratiques par la population. Gageons que ces croyances sont le ferment idéal pour la naissance de légendes comme celle de la vouivre - transfiguration du mal, du péché, du diable, de la tentation.
Essentiellement campagnarde et constituée de villages, de hameaux et de fermes isolées, la région décrite se trouve dans la partie nord de l'actuel canton du Jura suisse, dans le district de Porrentruy. Vestiges de ce temps jadis, des châteaux, des fortifications, des églises, des vieilles bâtisses, des ponts, des lavoirs publics sont encore visibles de nos jours et font toujours partie intégrante du paysage.
Depuis lors - c'est-à-dire à partir du XVIIIe siècle - l'industrie horlogère s'est implantée dans cette zone rurale et en est dorénavant la principale ressource économique.